Voici nos premieres impressions sur l hopital et le systeme medical vue par notre petit bout de lorgnette .
Un de nos premiers etonnements a ete de realiser que nous sommes dans un hopital prive et que tout y est payant : 15 roupies la consulation , 200 roupies l'echographie et 9000 roupies la cesarienne. Quand on sait que le salaire journalier d'un paysan du coin est de 40 a 50 roupies ( soit environ 1 euro ) cela nous semblait exorbitant ! Pourquoi diable ces gens, qui n'ont manifestement pas l'air de rouler sur l'or ne vont pas consulter au Gouvernement Hospital ou les soins sont gratuits ? Sommes nous tombe dans une clinique privee, la replique local de l'Hopital Americain ?
Et bien non ! Les soeurs ne sont pas des business women qui se font de l'argent sur les dos des patients ... Ce qu'elles nous racontent de l'hopital public n'est pas tres reluisant : la consultation est gratuite mais il faut payer un backschich pour que le medecin accepte de vous examiner , les medicaments sont en permanence en rupture de stock ( a part peut etre le paracetamol et encore ) , les conditions d hospitalisation sont tres mauvaises . De plus le Gouvernement Hospital est moins bien equipe : ils referent les cas d'obstetrique a Sister Hilda , ne dispose pas d echographie et ont des X-Ray de si mauvaise qualite qu ils preferent que les patients les fassent au Saint Mary's centre .... Les radios terminees au seche cheveux sont le nec plus ultra de la modernite ! De plus les soeurs nous assurent qu elles ne mettent aucune pression sur les patients concernant le paiement , elles n abordent le sujet qu une fois l urgence passee et adaptent eventuellement leur tarif .
Nous comprenons vite qu il y existe deux types de patients :
D'abord les femmes enceintes , que Sister Hilda suit avec rigueur et competence : une consultation par mois , si possible au moins une echographie pendant la grossesse . Un des enjeux est de faire comprendre aux patients l interet de cet examen et Hilda la realise quand elle le peut , sans terme precis , une fois que les patients sont " ready for scann " . Il faut noter que l'essentiel de cette education s'adresse au mari puisque c est lui qui prend la decision finale . Un petit cas d illustration : Sister Hilda suivait une grossesse a risque , la femme souffrait de preeclampsie . Elle conseille donc au couple de venir a l'Hopital des 37 semaines pour declencher l'accouchement et eviter que la grossesse ne se prolonge inutilement . Le couple ne se presente qu'a la 42eme semaine, et sur l'echographie nous decouvrons que l'enfant est mort in utero, probablement pendant les jours precedents. Hilda est furieuse de ce deces qui aurait pu etre evite et son premier reflexe est " I have to shout at the husband " ... la femme n apprendra la mauvaise nouvelle qu'apres l'accouchement pour eviter qu' elle ne perde sa "motivation" pour endurer les souffrances du travail . De meme , avant une hysterectomie c est le mari qui signe le consentement !
L autre (tres large) categorie de patients releve de la medecine generale : Fievre de l enfant , douleurs articulaires chez les sujets ages , toux ... Nos deux medecins sont beaucoup moins experimentes dans ce domaine et font du mieux qu elles peuvent avec leurs souvenirs du temps ou elles etaient etudiantes . Cela donne une " experience based medecine " qui ferait dresser les cheveux sur la tete de nos eminents chefs de clinique : Toute fievre recoit des antibiotiques c est automatique ( parce qu "ca marche mieux comme ca" ) et ceux-ci sont distribues au petit bonheur la chance : Quand ce n est pas trop grave , allons y pour du Bactrim , si ca a l'air serieux les C3G orales sont tout indiquee. bien sur, une toux ne repartira pas sans fluoroquinolone , on n'est jamais trop prudent . On a des frissons dans le dos quand on pense a l ecologie bacterienne du pays , les fievres typhoides sont deja toutes resistante aux quinolones , a quand la resistance aux cephalosporines ?
Mais ce que les patients reclament par dessus tout c'est une " injection " . Ils croient au pouvoir magique de l' ampoule de Diclofenac (Voltarene) dans les fesses , c'est d'ailleurs un peu triste de voir les enfants hurler et se debattre pendant la piqure simplement parce que les parents ne peuvent pas comprendre que ca serait aussi efficace pris par la bouche . Sister Hilda essaye parfois de negocier avec eux , mais l'injection ca fait partie du rituel, tout comme l'auscultation au stethoscope. Sans ca les patients ne se sentent pas bien pris en charge et retirent leur confiance.
Les soeurs sont donc ainsi souvent confrontees au manque d'education a la sante : Les patients refusent de rester hospitaliser ou de se faire suivre parce qu'ils ne comprennent pas la gravite potentielle de leur etat ( ils n'ont plus mal donc ils ne sont plus malades, tant pis si on suspecte une pyelonephrite obstructive, c'est le dernier de leurs soucis) . C'est parfois difficile pour Sister Hilda qui s'inquietent pour ses patients mais " How can we do with these people ? "
Les patients manquent egalement cruellement d'argent . Cela se ressent particulierement dans le suivi des maladies chroniques : On a ainsi rencontre un patient de 60 ans traite pour infarctus dans les regles de l'art a l'hopital de Mysore et qui etait sorti avec la traditionnelle ordonnance de cinq medicaments du patient coronarien que nous avons tous appris . Tres bien , mais cinq medicaments par jour c'est trop cher, donc Docteur est ce que vous voudrez bien m indiquer quels sont les deux plus importants , histoire que je me debarrasse des autres ? Nous realisons donc petit a petit que la strategie de prise en charge medicale est largement influencee par les moyens a disposition, ce n'est pas un scoop mais c'est interessant de le realiser sur le terrain .
Voili , voilou nos premieres experiences ... Excusez moi pour les passages techniques j ai essaye longtemps de resister mais finalement j ai craque...
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2 commentaires:
Aux USA, une echographie c'est 500 dollars pour un salaire median d'environ 120 dollars par jour travaille... Les proportions 200 roupies l'echo - 50 roupies par jour sont les memes ! les donnees sont donc comparables pour les 13% de la population americaine qui n'ont pas d'assurance sante...
Good post.
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