mardi 11 septembre 2007

Retour à Paris, deuxième choc culturel.

On en a plein la tête, plein les yeux, plein les cinq sens. Mais le voyage touche à sa fin, et les impératifs du retour commencent à nous assaillir: passer à la banque, appeler le dentiste, se couper les ongles de pied... Sans compter que, depuis une semaine, les pensées émues de ce que l'on va retrouver se font de plus en plus régulières: ses parents, un camembert, son copain, un steack, son vieux levi's, son chien... tout est bon pour verser une petite larme.

On se dit donc que deux mois, c'est bien, mais que toute bonne chose a une fin, et que le retour à Paris sera l'occasion de retrouver son petit nid douillet et tous ses repères ancestraux.

Mais voilà, avant d'arriver à Paris, nous avons deux difficultés à affronter:

- Le passage par Bombai et les surprises de dernière minute: l'intestin irrité de notre petit Quentin fait des siennes, l'obligeant à une purge douloureuse mais efficace. Avec, bien entendu, un paroxysme au cours de la nuit en train. Couchette du haut, cela va sans dire!
Alors, on ne se refuse rien, nous voilà dans la première chambre climatisée de notre voyage. Avec lunettes de toilettes et salle de bain perso, s'il vous plait.
Bombai, ville de beaucoup de beauté mais aussi de misères, nous accueille sous un relatif soleil, et nous partageons notre journée entre shopping, visite d'Elephanta Island, recherche de son chemin (avec toujours les mêmes petits hochements de tête quand on demande la route. Qui, je vous le rappelle, signifient à la fois oui, non, je ne sais pas, tu m'ennuies, je ne comprends rien et cause toujours-tu m'interesses. Donc, nous, sans traducteur de hochement, on se perd!). Mais nous nous en sortons, et cloturons cette dernière journée indienne par un bon resto, sans bière ni Quentin (ou plutot avec Quentin mais sans son estomac).

- Deuxième étape, l'avion. D'abord, l'avion, ca fait peur à Margot. Mais l'arme antistress, la bière, étant programmée, cet obstacle semblait surmontable. Ensuite, British Airways, ca fait peur à Quentin. Comme s'il avait mis trois semaines à récupérer ses bagages à l'arrivée!... Enfin, l'objectif est d'être surbooké.
La première équipe (Margot, Quentin et Benj Franklin) s'en sort à merveille: surbooking d'une demi-journée, tous les bagages à l'arrivée, et anxiolytique alcoolisé gratuit à l'hôtel.
Pour la deuxième (Nico et Flo), échec de surbooking, mais surclassement en classe club, alors, on noit son chagrin dans le champagne, et les trois gentilles hotesses deviennent six, et là, en se dit qu'en classe club, c'est vraiment la classe!

Nous voilà arrivés à Paris. Pas de vache, peu de bruit, 5 euros le sandwich, un regard de travers du boulanger quand vous marchandez votre croissant, les gens qui disent oui quand ils pensent oui, et non quand ils pensent non... quel ennui!
Mais il y a aussi votre premier repas (riz ou pates?), les retrouvailles avec votre amoureux (là, je ne peux rien dire, le mien avait eu trois semaines d'avance!), votre couette qui a une odeur de couette, et tous ces pots avec les copains qui vous ont tant manqué.

Le plus difficile? Répondre à la sampiternelle question: "alors, l'Inde?"
Vous tous, amis du blogg, savez bien qu'un tel voyage ne se résume pas en deux phrases. Et nous espèrons que les heures que vous avez passées à suivre nos aventures ont répondu à bon nombre de vos questions sur les trésors de l'Inde du sud.

A très bientôt et merci pour votre fidélité

Florence

dimanche 9 septembre 2007

L'Inde des 5 sens

Une petite semaine après le retour à Paris.

Qu'est-ce que l'Inde pour moi, après 3 voyages ?

L'Inde c'est le pays des cinq sens. Voici un petit recensement de ce qu'on est amené à voir, sentir, entendre, goûter et toucher lorsqu'on plonge dans le sous-continent.


La vue, évidemment. Plein la vue à longueur de journée.

Les monuments...
Les bas-reliefs ciselés, les statues à 5 bras, 10 têtes, le jeu des tailles, le motif ici minuscule au pied d'une colonne, ici statue colossale, les motifs floraux, les frises d'éléphants ("not one like the other!" nous répètent TOUS les guides à chaque visite :-) ), les danseuses déhanchées aux formes généreuses et à l'érotisme patant, les monstres, les chimères qui font voyager dans l'imaginaire, le lion à trompe d'éléphant, le makara que vous avez vu en photo, les divinités en pagaille et leurs avatars qui deviennent familiers au fur et à mesure de la découverte. Face au foisonnement hindou, la géométrie épurée des vestiges musulmans, le jeu des perspectives, le vertige de la répétition.

Les couleurs...
L'Inde est si colorée qu'elle semble parfois sortie d'un univers pour enfant. Le tape-à-l'oeil est ubiquitaire. Les saris multicolores font concurrence aux camions peinturlurés. Les publicités peintes de tous formats (peu d'affiches papier) envahissent les villes comme les plus petits villages, en particulier le logo omniprésent d'Airtel, la principale compagnie de téléphone mobile indienne, rouge et blanc. Arc-en-ciel les devantures des boutiques, ces petites boutiques de 3m² en tôle que l'on trouve partout au bord des routes, qui vendent pêle-mêle tous les petits gâteaux aux garnitures fluorescentes (mmm ces biscuits à l'orange), les sachets en aluminium qui brillent et pendouillent et contiennent les différentes variétés de "pan", ces feuilles de bétel à chiquer qui colorent les dents et gencives en rouge, et puis pourquoi pas du shampoing et des journaux. Domine aussi le jaune canari des stands de téléphones de rue marqués STD/ISD/PCO en lettre noires. Encore une fois cet aspect parfois "toc" ou jeu d'enfant de l'Inde actuelle : de larges combinés en plastique bicolore jaune et vert "duplo dès 12 mois". La pierre rouge de Badami. Le soleil levant d'Hampi.


L'audition

L'Inde pays de la méditation ?? L'Inde pays du vacarme!!!!
Dans la rue, les échoppes, les petits boulots, les petits travaux partout, la scie, la perceuse, les coups de marteau, le sifflet du gendarme, et au milieu, la vache. La circulation, le bruit du moteur de bus qui rivalise avec un réacteur d'airbus, les klaxons incessants. Si seulement un klaxon faisait un bête "pouet", mais non! Les klaxons fleuris déversent leur "pouet poueeeeett pouet pouééééét pouèèèèèt pouet" à nos oreilles endolories. Surprise de la marche arrière musicale, un grand classique de l'Inde : la lettre à Elise, ah vous dirais-je maman, jingle bells, la lambada font partie des tubes qui grincent en version "téléphone portable première génération" lorsque vous enclenchez la vitesse. Ti da di da di da di da dinnnnn... Les chauffeurs de bus hurlant leur destination en mangeant la fin du nom jusqu'à sa dernière répétition, alors allongée sur le ton d'un hurlement à la mort : "Belou Belou Belou Belou Belouuuuuuuuur". La musique! Quelle musique! Une harmonie franchement hostile à l'oreille occidentale, faite de bruits de casseroles, d'aigus, mais surtout de suraigus, de voix nasillardes, de percussions rapides. Volume maximal. La psalmodie des vendeurs de thé qui circulent dans les trains en gare et récitent, monocordes et graves : "chaï chaï chaï garam garam garam chaï".

Mais aussi...
le son des rires, rires des soeurs, rires des enfants, rires de tous ceux qui entendent un blanc baragouiner la langue locale. Rire offert avec beaucoup plus de simplicité qu'en France. Sollicitations fréquentes, souvent sympathiques parfois assommantes : les "schoolpen, chocolate, rupee", les "one photo please", "name?", "what's your country", et par dessus tout, le son de l'Inde, l'approbation monosyllabique trainante et visqueuse, accompagnée du fameux dodelinement de tête : "mmmmm". Voilà un aspect séduisant de l'Inde, cette instantanéité du contact, la possibilité de converser sans gêner, la liberté d'être curieux sans paraître voyeur : combien de conversations lors de l'attente dans une gare, un bus, un train, un restaurant. Et vous, vous faîtes quoi aujourd'hui ? Vous allez où ? Pourquoi ? Et bien sûr, pour clôture sympathique de la conversation, en coeur : "mmmmmmmmm".
En creux de ce bruit permanent, le silence d'une mosquée, de la campagne de Mandou, le calme des prières chez les soeurs, le silence intérieur en regardant défiler les paysages à travers les vitres du bus sans fenêtre.


L'odorat

De bonnes odeurs...
Les fleurs des marchés, les fleurs sur les bus, les fleurs dans les entrées d'hôtel, des fleurs dans les cheveux, des fleurs, des fleurs, des fleurs. La feuille d'eucalyptus froissée, la menthe sauvage, l'anis, les épices que l'on sent, la cardamome, la coriandre, la cannelle... Le marché de Devaraja dans son ensemble. Les magasins d'huile essentielle, Nour, le marchand de Mysore... L'odeur du bidi, la petite cigarette indienne.

De mauvaises odeurs...
Fréquente, l'urine. Le nez est le meilleur indicateur des toilettes publiques. les selles. l'engrais. la sueur du type au milieu du bus penché au dessus de vous.


Le goût

Que d'explosions. Que de chocs. Quelle saturation des sens.
Bien sûr, il y a le piment, le fort, la bouche enflée sous la brûlure. Mais aussi toutes les finesses des épices indiennes. Les ragouts indiens sont excellents. Les plats à base de lentille, le dal. La fraicheur de la raita, ce mélange de légumes et de yaourt. La saveur du tandoori. La douceur de la sauce à la menthe qui accompagne le chicken tikka. Le plaisir du lassi, ce yaourt liquide au lait fermenté. L'aigreur de chutneys aux fruits confits, en particulier le citron confit. Si bon... Les pains variés, naan, chapati, chula, parotha feuilletés. Les currys évidemment, en sachant que curry ne désigne rien de bien particulier en Inde, tout mélange d'épice est un curry. Grand moment culinaire du voyage : les poissons grillés de Mahaballipuram. Je n'oublierai pas la saveur si intense du barracuda (ba ra cu da!). Dans la gamme sur le pouce, les mais grillés au charbon à 2 roupies, au bord de la route, qui sentent si fort le brûlé, comme sur les tartines.

Quelques mauvaises surprises
..
Le jaquier, fruit à l'odeur de bon fromage, donc mauvais fruit (comme quoi le plaisir du goût est associé à sa présentation). L'autre fruit zarbi essayé à Trichy. Les lassis trop fermentés, et les lassis salés, berk.


Le toucher

Probablement le sens le plus subtilement chamboulé en Inde, mais celui qui imprègne à mon avis le plus profondément le voyage. Quel toucher ? le toucher des mains, le toucher des pieds. L'Inde nous reconnecte avec nos pieds : obligation de marcher pieds nus dans les temples hindous. Mets tes chaussures! répète notre maman. Marche pieds nus! répète l'Inde. Source de sensations oubliées ou inédites. Plaisir du contact avec la pierre des temples, doucement chaude, ou trempée de pluie. Parfois affreusement brûlante. Contact très primitif, qui peut nourrir le sentiment de bien-être et de dépaysement et ajoutant à l'émerveillement ressenti devant telle ou telle merveille sculptée dans la pierre. Toucher de la nourriture... Mange avec ta fourchette! répète notre maman. Mange avec les doigts! répète l'Inde. Boules au creux des doigts, corps qui nourrit le corps, archaïsme évident, et nouveau lien à soi.
Toucher des mendiants qui n'hésitent pas à tapoter l'épaule pour attirer votre attention. Toucher de la foule massée dans un bus bondé. Vent sur le visage lors de mon premier trajet à l'extérieur d'une jeep à trois sur le marche pied.
Toucher des excréments pour se laver les fesses à la manière indienne, main et eau. Drôle d'expérience, mais vie quotidienne de toute la société indienne (même vos équivalents socio-professionnels et culturels!).
En Inde si on s'apprécie, on peut entrer en contact physique en public entre personne du même sexe. Telle infirmière s'appuyant sur telle autre en discutant avec elle dans le poste de soin, ou lui lissant les cheveux, devant nous, tout naturellement. Tels amis marchant main dans la main dans la rue. Tel toucher "inutile", sans fonction, qui serait considéré comme une avance homosexuelle en France, de la main sur le bras, de la main sur la main. Déroutant.
La douche froide au baquet. Le gras de l'antimoustique.

Le roulis lent et berçant des trains de nuit indiens, une de mes sensations préférées en Inde, depuis toujours, symbole éminent de voyage, de sérénité et de lâcher-prise.


Merci de nous avoir lu!

samedi 1 septembre 2007

Sanchi 28 29 aout


Derniere etape avant le retour a bombay, Sanchi, haut lieu d'etude du bouddhisme.


Un magnifique stupa (representation du bouddha)

Mandu 26 -27 aout

Mandu, c'est la capitale d'un empire afghan dans un paysage de ce type (si abrupte qu'on a pu assister a la chute en tonneau d'une vache sur toute le flan de colline):


avec des palais comme ca :



aux motifs raffines, ici le systeme d'evacuation d'eau du bassin :



avec des pavillons paumes dans la campagne


une mosquee altiere


toujours la geometrie islamique

et un mausolee que Shah Jahan fit etudier avant de s'en inspirer pour construire le Taj Mahal d'Agra.

Bref, Mandou c'est un peu la Hampi sauce afghane, cite royale etendue dans un paysage tres joli. Mais qu'est ce que c'est difficile d'acces!!!!!

Ajanta - Ellora 26, 27 aout

Derniers posts... J'ajouterai probablement une conclusion bientot.

Apres Bijapur, trajet long et douloureux en bus de nuit, assis, pour aurangabad et les magnifiques sites d'Ajanta et Ellora.


Ajanta, grottes creusees, sculptees et peintes dans la falaise entre le IIeme siecle av JC et le 7eme apres, redecouvertes apres des siecles d'oubli, en 1819 par un chasseur anglais du nom fort original de John Smith. C'est tout simplement merveilleux. Merveilleux. Toutes les grottes sont dediees a Bouddha.




Bouddha prenant la terre a temoin (main vers le bas, symbole de resistance aux tentations)








Bouddha couche.




L'une des nombreuses merveilles, ici sur le plafond de la grotte numero 1

Une autre...



Ellora. le temple de Kailassa, dedie a Shiva, a ete entierement excave, comme a Mahabalipuram, mais en beaucoup plus grand. cf la taille du personnage a gauche.





Ici, le monde est cree par Brahma siegeant sur un lotus relie par un cordon ombilical provenant du nombril de Vishnu.
Bas reliefs.